Quelles seront les perspectives d'emploi pour les ingénieurs en 2030 ?


L'évolution du métier d'ingénieur au cours de la prochaine décennie sera fortement influencée par deux facteurs. Tout d'abord, les mutations industrielles à venir entraîneront certains secteurs vers une évolution de leurs activités, ce qui se traduira par la destruction de certains emplois et la création d'autres. De plus, l'émergence de nouveaux secteurs d'activité conduira à la création de nombreux postes.


La Dares (direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques) a récemment publié un rapport sur "les métiers en 2030". Ce rapport souligne la croissance attendue du nombre d'emplois destinés aux ingénieurs au cours de cette décennie, notamment dans les secteurs porteurs tels que l'informatique. Cependant, certains secteurs, comme l'automobile, posent une problématique plus complexe. En effet, ce secteur devra opérer une mutation radicale vers la production de véhicules non thermiques, et ce, dans un laps de temps relativement court. Cette transition, bien qu'elle permette la création de nombreux emplois liés au développement de nouveaux types de véhicules, entraînera également la disparition d'une multitude d'emplois tout au long de la chaîne de production de l'industrie automobile. Il existe donc un risque de déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché de l'emploi pour certains postes pendant cette période de mutation industrielle.


Bien entendu, l'exemple de l'industrie automobile peut être transposé à de nombreux autres secteurs industriels, et le rapport de la Dares vise notamment à fournir aux décideurs les informations pertinentes pour anticiper au mieux les déséquilibres potentiels entre l'offre et la demande sur le marché de l'emploi.


Comme le souligne le rapport, les projections à 10 ans comportent une part d'incertitude. Néanmoins, la Dares a identifié plusieurs métiers qui devraient connaître une forte expansion entre 2019 et 2030.


Parmi les 15 métiers les plus en progression, ce sont les ingénieurs informaticiens qui devraient enregistrer la plus forte augmentation (+26%). Ensuite, les métiers d'ingénieurs et cadres techniques de l'industrie occupent la 8e position (+24%). On peut également mentionner les métiers de cadres du bâtiment et des travaux publics (+30%).


La croissance des métiers de l'industrie s'explique, selon le rapport, par le "recentrage sur le cœur de métier de l'industrie", qui a conduit à l'externalisation de fonctions de support, y compris des fonctions stratégiques (conseil), de contrôle (qualité, environnement) et de distribution. Parallèlement, certaines fonctions industrielles, telles que la maintenance des équipements ou le contrôle de la qualité, sont devenues essentielles dans de nombreux secteurs d'activité. Ainsi, les ingénieurs et cadres de l'industrie, ainsi que les techniciens et agents de maintenance, sont souvent recrutés aujourd'hui par des secteurs tels que le conseil (stratégie, analyses techniques) et le commerce (maintenance et contrôle qualité), même s'ils exercent également des activités dans le domaine industriel lui-même.


Ainsi, le métier d'ingénieur sera amené à exercer des missions professionnelles dans des domaines d'activités de plus en plus diversifiés. La croissance des effectifs, et donc le besoin en recrutement, notamment pour les catégories "ingénieurs et cadres techniques de l'industrie" et "ingénieurs de l'informatique", devrait être comblée à près de trois quarts par les jeunes débutants qui arriveront sur le marché du travail, selon les projections de la Dares. Cette situation est plutôt favorable par rapport à d'autres secteurs d'activités, où les projections indiquent une offre trois fois supérieure à la demande.