Pourquoi les ingénieurs et dessinateurs industriels en mécanique vont-ils travailler dans les cabinets de conseil? 



Malgré la crise sanitaire, le taux de chômage des ingénieurs reste remarquablement bas, s'élevant à 4,7 % en 2020, selon la Société des ingénieurs et scientifiques de France. Cette situation s'explique en grande partie par leur profil polyvalent, analytique et technique, qui séduit les employeurs.

Les ingénieurs sont des talents rares et leur recrutement représente un défi. L'industrie se les arrache, de même que les cabinets de conseil. Il est intrigant de constater que la majorité de ces étudiants ne savent pas, au moment de leur entrée dans une grande école, en quoi consiste réellement le métier de consultant. Cependant, les cabinets de conseil en stratégie, management et ingénierie se rapprochent d'eux. Caroline Beaurepaire, responsable des relations avec les écoles chez Roland Berger, l'un des principaux cabinets européens de conseil en stratégie, explique : "Nous sommes très présents sur les forums et les campus. Nous essayons de faire connaître le secteur, et nos clients recherchent ces profils". En effet, les "ingés" représentent 25 % des juniors embauchés ces dernières années chez Roland Berger.

Stéphane Dahan, directeur du recrutement des ingénieurs chez Alten, confie : "Nous intervenons énormément. Nous proposons des formations sur les compétences comportementales, nous parrainons des associations, etc.". Cette multinationale française spécialisée dans l'ingénierie et le conseil en technologies entretient des liens avec 80 écoles et recrute parmi plus de 200 formations différentes.

En somme, malgré la crise sanitaire, les ingénieurs jouissent d'un faible taux de chômage, et cela s'explique par leur profil attractif et leur polyvalence. Les cabinets de conseil et l'industrie s'emploient activement à les attirer, en se rapprochant des écoles et en offrant des opportunités de développement professionnel. Cette dynamique témoigne de la valeur que les ingénieurs apportent sur le marché du travail et de leur potentiel à contribuer aux défis et aux besoins de divers secteurs d'activités.

En janvier 2021, selon les données déclarées par les écoles à la Commission des titres d'ingénieur, 12,37 % des étudiants diplômés en 2020 d'écoles d'ingénieurs travaillent dans des cabinets de conseil six mois après l'obtention de leur diplôme.

Cette orientation vers les cabinets de conseil présente de nombreux avantages pour les jeunes diplômés. Nicolas Salomon, âgé de 26 ans et ancien élève de l'école des Ponts ParisTech, actuellement employé au Boston Consulting Group (BCG), explique : "On y gagne de nouvelles compétences, commerciales, financières et marketing. La diversité des missions est encore plus large que dans l'industrie." Alexandre Roy, fondateur de la plateforme de recrutement d'ingénieurs Strateos, ajoute : "Les entreprises de services du numérique (ESN) jouent un rôle important dans l'insertion des jeunes diplômés ingénieurs en leur offrant la possibilité de travailler sur une grande diversité de projets pour des clients prestigieux et dans de nombreux secteurs d'activité." Stéphane Dahan résume : "Cela permet de voir beaucoup de choses dans un laps de temps réduit." Ainsi, la polyvalence est de plus en plus recherchée. De plus, travailler dans un cabinet de conseil offre une première expérience dans le monde industriel, ce qui suscite un intérêt considérable de la part des consultants. Matthieu Kalita, fondateur du cabinet de conseil en management portant son nom, passé par Wavestone et diplômé des Mines Nancy en 2015, affirme : "Nous sommes la cible entre l'industrie et le conseil. Et nous pouvons exercer des activités de conseil dans l'industrie !" Cette expérience est très valorisée par la suite. En moyenne, après quatre années, la plupart des ingénieurs rejoignent l'industrie, une start-up ou créent leur propre entreprise.